Tu sens comme on est bien ? Tu vois comme c’est fluide là ? Les conversations légères, les mains dans les cheveux, le visage collé sur la vitre à regarder le paysage qui défile, l’air frais et le bruit de la mer au loin. Tu saisis à quel point je suis heureux ? Je ne sais faire de déclaration sincère mais j’essaie de m’y mettre, de te dire combien j’aime ma vie et combien je nous aime nous, toi, moi et les autres et aussi pourquoi je nous aime. Pas parce qu’on a ces points qui nous rassemblent, ni les choses que l’on partage sur la même longueur d’ondes, toi, moi et les autres. Je nous aime surtout pour qui nous sommes, des êtes vivants, tous différents et tous semblables à tel point qu’en cas de coup dur chacun est à même de soutenir l’autre. À tel point aussi que quand tu es arrivée avec ton sourire et une bouteille de champagne à la main pour nous annoncer que tu étais enceinte, nous avons tous souris. Pas par politesse, non, par amour, par fierté d’être à tes côtés.
Tu n’avais pas voulu m’en parler seul à seul. Tu voulais offrir ta joie. Alors on l’a tous partagée. On est plus tout jeune, on a déjà quelques rides, mais crois-moi je te promets d’être là pour te dire ma chance d’être auprès de toi, de moi, de nous et des autres. Le feu allait passer au vert, et déjà, on n’entendait plus la mer et on ne distinguait plus les falaises. C’était l’heure de rentrer, de rentrer heureux. Vers nos vies, différentes mais tellement semblables.
Tu as attrapé ma nuque depuis ton siège arrière. On riait sur un fond de musique tzigane, inutile de chercher les bruits de l’eau contre les pierres en contrebas. Tu caressais le bas de mes cheveux, le haut de la nuque jusqu’aux trapèzes. On était bien, on était heureux. On avait encore des choses à partager, j’en étais certain, des fous-rires de nos maladresses et des colères de nos incompréhensions. Il nous restait aussi quelques centaines de kilomètres à parcourir avant d’arriver et autant de minutes de tendresse. On allait s’aimer un moment encore.