En rouge en haut de la feuille de note, quelques mots griffonnés a la hâte « manque cruel d’ambition » et quelque chose qui ressemblait a « peu d’assiduité, présence réduite au strict minimum« .
C’était vrai. Je n’avais rien pour me défendre, aucune excuse, aucun chien n’avait mangé mes copies, aucune de mes grands-mères n’avait rendu l’âme. Pourtant ce qui aurait dû me faire prendre conscience qu’il s’agissait de moi, de ma vie, n’a eu qu’un effet contraire : en contrepartie de ces sentences, on ne m’enlevait rien, on me notifiait seulement que mon ambition était collée sur le premier barreau de l’échelle. Amarrée et engluée. Alors j’en foutais toujours le moins possible, me contentant du bénéfice secondaire hautement gratifiant – pour moi – d’avoir une place aussi absurde et dégradante fusse-t-elle, qui ne me plaisait pas mais dans laquelle je me complaisais comme un cochon dans sa fange. Et me donnait la possibilité d’être soutenue et plainte.