Sans titre.

Je n’écris jamais sur ma vie et celle de ceux que je côtoie. Par respect et par pudeur aussi, ce qu’on vit ne regarde, la majeure partie du temps, que soi, que la part de privé qu’il reste dans nos vies. Aussi parce que j’aime jouer avec l’incertitude de ceux qui lisent et se demandent si j’ai déjà vécu ou vu ce que l’écriture raconte. On écrit certes avec notre coeur, avec notre corps, mais laissons à l’imagination ce qu’elle est, quelque chose que la vie, notre vie, façonne, inconsciemment et qui ne vit ou n’a pas vécu, nécessairement ce qu’elle crée. Pourtant, pour une fois, je laisse quelques lignes de moi, bien plus précises, bien plus fines. D’habitude, je n’écris jamais de moi. Pas cette fois. Et l’histoire finit mal. 

Je me souviens de sa petite main accrochée au chambranle de la porte. Je quittais les quatre murs qui la retenaient prisonnière en me disant qu’elle ne passerait pas le mois. Qu’elle allait s’en aller. En partant, ses parents m’ont raccompagnée je ne sais plus par quel moyen, sans doute en voiture comme nous étions arrivés. Je me souviens du froid de Garches et des malades qui marchaient entre les voitures. Quiconque a déjà marché avec un patient à Garches sait qu’il ne reste que peu de temps à vivre.

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