En ouvrant la porte, une masse s’est jetée contre moi, tapant de ses deux poings violemment sur mon sternum. Toute sa colère et ses poings. Étrangement je n’ai rien entendu d’autre que ses cris et des larmes, noyés dans les battements d’un cœur trop grand pour une si toute petite fille. Dehors les lumières des fêtes clignotaient, scintillaient, et pour un peu la neige aurait ajouté une touche encore plus festive.
Les révolutions
On aurait pu croire à un prolongement d’une crise d’adolescence. Hypothèse invérifiable, non pas nécessité d’une démonstration tangible mais plutôt par manque d’envie d’expliquer ce que la jeunesse faisait encore dans l’âge adulte. Ému, je regardais mes amis disserter sur le bien le mal, l’idéologie qu’il fallait encore avoir sur certains sujets, la conscience professionnelle aussi. Et puis nous avons recommandé un verre chacun, nous sentions qu’il était nécessaire, que nous étions bien aussi. Nous avons continué comme ça des heures et des heures encore. Sans aucune limite à l’idée, les réflexions faisaient suite les unes à la suite des autres, aussi éclectiques les uns par rapport aux autres, nous filions d’une pensée à une autre, en éprouvant chaque fois que nécessaire les hypothèses, les démonstrations, les vrais, les faux, les faux-semblants. Il nous semblait que nous étions seulement vivants, encore jeune et plein de bons sentiments, d’espoir, de vie, de fougue. D’amour.
L’enfance
Il est beaucoup question d’enfants dans ses dessins, de petits personnages les yeux fermés, devant des maisons, dans des jardins, sur des manèges sans chevaux de bois. Il a des frères et des soeurs ?
Cette question, un peu absurde compte tenu de la fiche de renseignements que je lui avais fourni pour le petit le lendemain de la rentrée, taraudait la jeune enseignante qu’elle était. Nouvelle de l’an dernier dans l’école, elle ne connaissait pas notre famille recomposée et recomposable autant de fois qu’il était nécessaire les week-ends et vacances des enfants. J’avais décidé de lui répondre comme si elle n’avait eu l’information.
Paris manque parfois d’horizon.
Sur l’ile des Hébiens
Pendant ce temps-là à Saint Briac.
Cali, Fnac Live 2013
S’aimer et se séparer
On avait rêvé toutes les deux que tu puisses lire mon plus beau roman, le dernier après les précédents. On avait rêvé qu’il parlerait de la mer, on en avait souri là sur ton canapé, on était trois, toutes liées à la même chose, une sorte de désir de vivre et de rire ensemble, affronter les courants, le vent et les embruns qui couvrait nos visages à chaque échappée belle. On pensait qu’on était invincible, que rien ne pouvait nous arriver. On aimait ces galettes sur le port et on partageait nos parts de gâteaux en marchant toutes les trois sur le bord de plage désertée par les rares touristes d’été, on chantait à tue-tête dans la voiture familiale. On avait la vingtaine et on en avait vécu le double peut-être.
Cali au Fnac Live
À venir sur La Bande sonore : des photos du concert de Cali (photos au 50mm depuis la scène : sportif et très chouette), Maissiat en interview et un peu de Jacques Higelin aussi.
Saez, Solidays 2013
Méconnaissable.
Une vision de la foule aux Solidays
Solidays, jour 2 : et derrière, les lumières
Parce que la pluie
Et puis aussi parce qu’un festival sans ses quelques gouttes de pluie n’a pas la même saveur.
Les autres photos – au fil des trois journées – seront disponibles sur le site de la Bande sonore.
Nos vies
On a tous une période de notre vie où on se sent invincible. On crie, on rit et on jouit. On a tous eu cette étrange sensation que rien ne pourra nous atteindre, les mots les coups les sourires, on marche sur le monde, on méprise plus petit que soi et on admire l’aîné semblable à un proche qu’on aurait jamais eu. On court plus vite que les secondes qui défilent. C’est grisant, c’est dingue tellement c’est vivant Docteur. On en devient insupportable et méprisable finalement, on est hermétique aux critiques qui diraient que c’est une question d’éducation. En réalité on crache sur la terre entière qui tourne dans le mauvais sens parce que la révolution qu’elle fait a lieu dans un sens différent du notre. Je ne cherche pas l’excuse de jeunesse, il n’y a pas d’âge, Docteur, pour être un sale con.
Mon amour
Cher amour,
je ne compte plus les mois qui nous séparent, je ne compte plus non plus les moments que nous aurions pu passer ensemble. Ton départ de ma vie, avec les cris et les larmes qu’on suppose, n’est plus la douleur des premières semaines. Je respire à nouveau. Je retrouve mes amis, mes amants d’avant ton arrivée, je repartage mes idées, mes envies et mes nuits. Il n’y a rien qu’on ne puisse regretter tu sais. Nous sommes si différents et nos chemins respectifs ne représentent plus rien pour toi ni pour moi, il n’y a d’amour que lorsqu’il y fluidité et sincérité et tes faux semblants n’ont fait que nous éloigner petit à petit. Je me sens si légère, si tu savais, de mes nuits je n’ai que le souvenir des douceurs et mes jours se sont remplis de joies et de peines, comme si j’étais à nouveau en vie, comme si j’avais envie.
Dis-moi comment tu vas vraiment
Fourchette à gauche, couteau à droite, fourchette à gauche, couteau à droite, fourchette à … fourch … La petite se baladait d’une place à une autre sur la table en sautillant, un panier de couverts à la main. On sera 21 avait dit Sophie. 21, ça fait 21 fourchettes et 21 couteaux. Méthodiquement, elle répétait la place théorique des couverts, pour ne pas se tromper mais aussi parce que ça lui donnait une certaine consistance, témoin de sa participation à ce jeu d’habitude réservé aux grands. La table des petits – qui ne l’étaient plus vraiment – se trouvait un peu plus loin dans le jardin. Fourchette à gauche, couteau à droite. Il ne manquait plus rien ou presque sur la grande table.
Soldes chez Virgin
Parfois être heureux
Tu sens comme on est bien ? Tu vois comme c’est fluide là ? Les conversations légères, les mains dans les cheveux, le visage collé sur la vitre à regarder le paysage qui défile, l’air frais et le bruit de la mer au loin. Tu saisis à quel point je suis heureux ? Je ne sais faire de déclaration sincère mais j’essaie de m’y mettre, de te dire combien j’aime ma vie et combien je nous aime nous, toi, moi et les autres et aussi pourquoi je nous aime. Pas parce qu’on a ces points qui nous rassemblent, ni les choses que l’on partage sur la même longueur d’ondes, toi, moi et les autres. Je nous aime surtout pour qui nous sommes, des êtes vivants, tous différents et tous semblables à tel point qu’en cas de coup dur chacun est à même de soutenir l’autre. À tel point aussi que quand tu es arrivée avec ton sourire et une bouteille de champagne à la main pour nous annoncer que tu étais enceinte, nous avons tous souris. Pas par politesse, non, par amour, par fierté d’être à tes côtés.
Tu n’avais pas voulu m’en parler seul à seul. Tu voulais offrir ta joie. Alors on l’a tous partagée. On est plus tout jeune, on a déjà quelques rides, mais crois-moi je te promets d’être là pour te dire ma chance d’être auprès de toi, de moi, de nous et des autres. Le feu allait passer au vert, et déjà, on n’entendait plus la mer et on ne distinguait plus les falaises. C’était l’heure de rentrer, de rentrer heureux. Vers nos vies, différentes mais tellement semblables.
Tu as attrapé ma nuque depuis ton siège arrière. On riait sur un fond de musique tzigane, inutile de chercher les bruits de l’eau contre les pierres en contrebas. Tu caressais le bas de mes cheveux, le haut de la nuque jusqu’aux trapèzes. On était bien, on était heureux. On avait encore des choses à partager, j’en étais certain, des fous-rires de nos maladresses et des colères de nos incompréhensions. Il nous restait aussi quelques centaines de kilomètres à parcourir avant d’arriver et autant de minutes de tendresse. On allait s’aimer un moment encore.
Alexanderplatz, Berlin.
Dans les archives de mars.
Les couloirs de Sup’ Internet pour la Medialab Session.